La culture hip-hop, par ceux qui l’ont vécue et façonnée. Destins croisés de Paris et des banlieues Ouest de 1980 à 1999
Auteur(e)s : Elodie Remoissenet & David Hachour I Insta > Beat Street Generation
Préfacé par Jim (James) Prigoff.
Voici deux livres qui sentent bon le neuf, mais qui, une fois ouverts, nous ramènent illico à l’asphalte qui crisse sous nos semelles, à la bombe de peinture qui chuchote sur les murs, et à ces moments de vie où l’on avait l’impression d’être les rois du monde. Bref, des bouquins qui ont du vécu, comme un vieux jean qu’on ne quitterait pour rien au monde.
Cramponnez-vous bien à vos chaises, parce qu’aujourd’hui, on va parler de l’élite, du caviar, du ciselé et de "Banger" au pluriel : j’ai nommé «Beat Street Generation» et, tenez-vous bien, «West Side Kingz». Oui, je sais, ça envoie du rêve. Deux titres qui claquent comme une gifle bien sentie, directement inspirés des chefs-d'œuvre du Bronx. Pour le premier, un clin d'œil appuyé au cultissime « Beat Street » de Stan Lathan, produit par l’immense Harry Belafonte – vous savez, le mec qui a chanté le « Banana Boat Song » et produit des classiques, rien que ça. Et le second, un hommage vibrant à Robert Wise, celui qui a immortalisé les gangs de New York avant que ça devienne un film avec Leonardo DiCaprio.
Autrement dit, on touche ici aux racines profondes de l'âme de la ville au monstre d'acier, celles qui nous rappellent d’où vient cette clameur urbaine. Mais attention, ne vous y trompez pas : Elodie Remoissenet et David Hachour, les auteur(e)s, ne sont pas des amateurs, loin de là. Avec ces deux volumes inédits, ils ont placé la barre à son acmé pour nous embarquer dans les ruelles du Bronx jusqu'à la naissance de la culture hip-hop en France pour co-signer un masterpiece. Le tout en autoédition – parce que pourquoi pas, après tout ? Et vraiment, croyez-moi, ces 2 opus n’ont rien à envier au légendaire «Spraycan Art» de Henry Chalfant. D’ailleurs, si ce nom ne vous dit rien, il est grand temps de réviser vos classiques, histoire de ne pas finir en totale inculture. Bref, ces livres, c’est du solide, du vrai, du concentré de culture urbaine.
Le truc, c’est que ces bouquins étaient attendus comme le prochain album de Dr. Dre. Une faune de collectionneurs et d’aficionados du hip-hop trépignaient d’impatience, et à juste titre ! Six ans de boulot, de galères, et enfin, les voilà.
"Beat Street Generation", c'est donc 373 pages de bonheur brut et 20 heures d'entretiens passionnants avec des artistes français qui ont exploré chaque recoin de ce mouvement qu'on a longtemps regardé de haut, comme une simple lubie de délinquants en baskets. Ces pages vibrent du regard poignant de ceux qui ont vécu et façonné ce qu’on osait appeler une « sous-culture » – parce que, bien sûr, le hip-hop, ça ne pouvait être qu’un passe-temps pour ados en crise… Et pourtant, quelle belle "mornifle" ils nous mettent, ces artistes, à chaque page ! Sans oublier pour les vrais curieux "West Side Kingz", 305 pages en mode "strip-tease" (oui, oui, je parle bien du docu), retraçant la saga d'une bande de potes de Marly qui ont traversé la ligne PSL pour taguer les murs de la banlieue ouest comme s’ils étaient en train de réinventer la Joconde. Une plongée unique dans le monde du hip-hop et du graffiti, racontée avec l'énergie et l’humour de Togz et Eone.
Tirés à seulement 199 exemplaires, dont 99 signés et numérotés, ces deux livres sont des pépites. Elodie Remoissenet a mis tout son talent pour les mettre en page, mêlant archives, pages interactives et récits à la première personne qui vous plongent direct dans l’action. David Hachour alias Eone, quant à lui, vous emmène dans une cavalcade de souvenirs qui vous catapultent des rues de New York à celles de Paris, là où le hip-hop a fait son entrée en fanfare.
Et accrochez-vous car tout du long c’est du lourd ! Les 2 livres sont blindés d'archives visuelles du "jamais vu", la collection Guittot « Paris 1986 » en prime, et du son qui déchire à écouter grâce à un QR code, pour 46 heures de contenu audio additionnel ! On y trouve des légendes comme Bando , oui, celui qu’on ne présente plus, tantôt en mode BMX, graffeur et producteur – si, si –, Jay One, Sign, Shuck 2, Banga, Oeno, Scale, Gawki, Yank, Ston, Saho, Colt, Virus, Futura 2000 inclu, sont aussi de la partie. Soit 99 activistes au total pour une odysée démentielle. Et ce n’est pas tout ! Les parcours incroyables comme celui d' Olivier Megaton , de Dan de Ticaret et de Dee Nasty sont aussi mis à l’honneur. On y retrouve même des clins d’œil à des univers qui ont fait vibrer cette culture allant du BMX aux jeux vidéo à la production musicale avec Juan Massenya (Hi & Fly Records ) au streetwear avec Belka (Hardcore Session).
Puis, quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Avec Beat Street Generation, tous vos sens seront échauffées par15 heures de musique à travers des mixtapes exclusives, époque Radio Nova entre autre, de Dee Nasty mais pas que ... Mais aussi par des photos dingues du terrain vague de la Chapelle – magnifiées par l’IA, s’il vous plaît – et un hommage à tous les précurseurs comme Destroy Man, Johnny Go, King Jaid, Dj Jo, Crazy B, Armen... Tous ces passionnés qui, à coup de passion et d’abnégation, ont fait émerger cette vague culturelle qui, aujourd’hui, mène l’industrie musicale par le bout du nez !
À choper ultra rapidement je vous le dis…
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