BREUKELEN TOUR avec Dj Loasteeze
18 décembre Bizz'Art Bar-Live-Resto-Club Paris
17h. Depuis 2 semaines, je traverse régulièrement l'East River pour atterrir à Bronwsville.
Certes, Le pont de Courbevoie n'est pas aussi reluisant que le majestueux pont suspendu de Brooklyn, la seine bien c'est la seine et en comparaison, les tours de la Défense n'ont rien de très comparables avec celles de Wall street.
Who cares ? Courbiche - Pont de Levallois direction Prospect Park, Flatbush avenue à la rencontre du plus hypnotique et avisé des poètes de Brooklyn Masta Ace c'est pas si compliqué!
Écouteurs enchâssés aux oreilles, volume dépassant largement le niveau seyant de décibels autorisés par mes tympans, le dernier morceau de Masta Ace et Smif-N-Wessun “Brooklyn” tourne en boucle dans ma tête. On y est ! Nola Darling n'en fait qu'à sa tête, Crooklyn, Radio Raheem , l'asphalte qui fait remonter la chaleur infernale d'un long et bien trop caniculaire été. Où sont les glaçons, le ventilo et les bonnes spaghettis de Sal ? Bouh il fait froid, NON, il fait chaud, Pfff Paris ça donne le bourdon. Où sont les marches d’escaliers et les Brownstone qui vont avec ?
Le retour à la réalité, c'est pas un truc maison. Encore plein de choses à voir, à sentir, à chiner dans les vieux magasins sur la 92 ème avenue et peut-être bien que je m’arrêterais au coin de la 9 ème et de Bedford avenue chez Earwax Records excaver quelques vieux vinyls. Pas d'empreinte carbone ici, juste un cerveau qui fait des allers retours imperméables aux yeux des autres, mais qu'est-ce c’est bon quand je décide du programme !
Arrivée devant la porte du Bizz'Art à 18h30 pétante. On m'a gentiment sommé d’être là le plus tôt possible : « Viens aussi vite que tu peux, après la balance possibilité de caler une Itw avec
Masta ». Ok, très bien, faut pas me le dire deux fois, j'aurai pu faire le pied de grue devant le Bizz'Art depuis l'aube que ça ne m'aurait pas dérangé. Une petite salle à proportion humaine, 300 personnes tout au plus, après la froideur terrifiante du Zénith pour Cypress Hill, ça remonte le moral.
J'arrive en pleine balance, microphone check ONE TWO ONE TWO . Qu'est-ce que c'est bon, un one two provenant de cette voix chaude de basse reconnaissable d'entre toutes. Masta Ace, posté là devant moi sans fusible, j'acte ça rapidement dans une partie de ma mémoire, pour être précise le lobe temporal. Sinon, pas désagréable d'entendre également les premières onomatopées prononcées par Strikclin de eMC.. La salle est désertique, au bar on s'active, ce soir c'est tapas au menu, peut-être même qu' il y aura sous le comptoir quelques Brooklyn Lager bien frappées !
La balance est réglée au poil près, pour les microphones c'est nickel chrome. Derrière la table de mixage, Dj Loasteeze venu tout droit de Helsinki remplacer au pied levé Marco Polo semble lui aussi tout à fait satisfait du retour son. J'adore cette quiétude avant-concert, juste avant que les lyrics fusionnant au beat et à la gestuelle des rappeurs ne viennent étreindre nos pouls.
François Bonura, journaliste reporter aux grandes heures du Rap ricain pour Radikal Magazine, à qui on doit la couverture de l'album mythique "A Long Hot Summer", armé d'une planche de Skateboard amarrée à une grosse besace vient d'arriver. Entre la charismatique légende de Brooklyn et le français ayant vécut des années à N.Y les retrouvailles sont intenses. Pas besoin d'avoir une longue vue pour sentir l'indéfectibilité des liens qui unit ces deux là.
Le cœur de Brooklyn, l’énergie de Brooklyn, la poésie de Brooklyn, le rythme de Brooklyn c'est Masta Ace. Ce soir les battements de son cœur sont reliés à son quartier, son histoire, sa femme, sa fille et Marco Polo dont l'album « A Breukelen Story» retrace l'arrivée à New-york . 19h20. A l’exception de Stricklin, nous voilà tous au restaurant. Je suis assise à côté de Masta Ace. Mon anglais n'est vraiment plus au point à l'oral, j'ai donc pas envie de le bouffir de questions inintelligibles. C'est vrai qu'il est juste là, son coude frôle le mien de temps en temps. Mais suis définitivement pas prête. Lui remplir son verre d'eau quand celui-ci est vide, par contre ça c'est dans mes cordes. Il me demande ce que j'aimerai écouter ce soir. Ouille, je peux pas juste écarquiller les yeux. Fouillis, chaos, 12 albums, 7 perso, 5 collaboratifs mais tous tellement imprégnés et jamais une fausse note même sur l'envolée West Coastienne. Machinalement, je sors
« Acknowledge" la diss song incontournable, à l'instar de Blaq Poet, lui aussi sait mettre à l'amende quand il le faut, puis ça vaut vraiment le coup de l'entendre live celle-là. En 2
« Son of Yvonne » parce que c'est celle qui me touche le plus et 3 « Brooklyn Masala » pour le côté fleur bleue et parce que c'est tout simplement l'une des plus jolies chansons d'amour écrite dans l'histoire du rap, sans compter que le beat est une tuerie. Après ce gros effort, je pose à trois reprises la partie verre de mes lunettes face contre table. A 3 reprises il les retournera délicatement. Peu volubile, ultra consciencieux, la seule chose qui déborde chez Masta Ace c'est son aura. Je ne poserai jamais plus mes lunettes n'importe comment.
Merci à François Bonura de Velvetmedias pour ce cadeau magnifique.
Extra//
Warning! Copyright CC. 18
コメント