The Nasty kid living the Bohemian life
Ça fait un petit moment « maintenant » qu'on tourne autour du pot... Et voilà ... c'est parti pour un retour à la genèse, au feu originel, NEW YORK BRONX REPRESENT ...SPRAYCANART REPRESENT...@Alrh, on vous emmène là où tout à commencé avec le FLOW, pour un ride trippant au cœur des entrailles du Writing et du WILD STYLE (mais pas que) avec l'un des bâtisseurs de ce mouvement, pionnier de la première heure des tracés aériens sur voies ferrées surplombant la grosse pomme ... Lignes 1, 2, 3, 4, 5, 6.. Aka KING 13, The NASTY TERRIBLE T-KID 170, Julius Cavero !
BACK IN THE DAY, BACK IN OUR DAY, car si l'aventure a commencé quelque part, bien au-delà de ça, l'histoire continue d’être écrite !
A découvrir juste ici en exclusivité son interview, intégralement retranscrite en français.
Instagram > NASTY TERRIBLE T-KID 170
Ça te fait quoi de passer de gros hangars à trains, murs publiques, avec tout le danger et l'adrénaline que ça procure à un support technique comme la toile ? La transition de faire un train et de passer à la toile, tu sais, ça m'a pris beaucoup de temps, vraiment beaucoup de temps pour ajuster, parce que comme tu le dis, l'adrénaline de peindre un train est tellement différente du confort que tu as quand tu peins une toile. Quand tu t'attaques à un train, toutes les parties de ton corps sont en alertes, tous tes sens, ton ouïe, ton odorat, tu sais, ta vision, tu peux tout sentir, tout entendre, tu peux même en sentir la saveur, tu sais, et donc tu prends tout çà et tu le réduit, tu le rend compact pour le transposer sur un format toile. L'adrénaline, c'est de voyager, de rencontrer de nouvelles personnes et de nouvelles cultures, d’échanger des idées qui viennent d'ailleurs, tu sais, en échangeant les idées avec d'autres artistes, de jeunes artistes, des artistes plus mures, cela remplace un peu l'adrénaline, mais ça ne sera jamais la même chose. Donc, ce que je fais, je peins, tu sais, je fais plein de choses, mais de temps à autres, je passe du temps avec les gamins du quartier, soit je fais des ateliers avec eux, soit ils m’emmènent dans des endroits secrets pour y peindre, c'est tout que je peux dire.
Tu allais dans les bloc party dans le Bronx. Ici en France on a tendance à idéaliser beaucoup ces fameuses soirées . Certains disent que c'étaient pas aussi génial que ça ... Peux-tu nous dire comment c’était réellement? Il me semble que tu dansais aussi?
Ouais tu sais, c'est drôle, parce que les BLOC PARTY étaient en train de bourgeonner de partout, il n'y avait pas simplement un seul endroit, KOOL HERC en était, tu sais, c'était cool... il y en avait beaucoup quand on traînait au Saint James Park, tu avais des mecs comme CASANOVA, RED ALERT qui se pointaient avant qu'ils ne soient célèbres, et ils faisaient déjà leur trucs , t'y allais, tu faisais du break dance, tu sais, on était jeune, on avait de l'énergie et des mecs comme moi venaient faire des trains, ils venaient au Saint James Park et il y avait une jam session qui battait son plein, et tout le monde faisaient des OH' OH'.., et la jam commençait, on était là, et on prenait du bon temps, couvert de peinture, on allait aux chiottes pour se laver les mains pour pouvoir parler avec les filles, tu sais, c'était vraiment dingue et c'était vraiment de la VIE , tu sais, tu dois vraiment comprendre que dans ces années là, il n'y avait pas beaucoup d'endroits où des mecs comme nous pouvait aller, tu sais, il fallait toujours se saper, être propre sur toi, genre ongle manucuré et tout, tu devais écouter de la Disco, être un rocker hardcore , c'était l'un ou l'autre, ou écouter du punk rock !
De faire partie de cette culture et aller à des fêtes de rue improvisées c’était mortel, c'était cool, tu sais, où BIZ MARQUIE et TRAN essayaient des choses, venaient tester de nouveaux titres, de nouveaux rythmes , c'est de ça qu'il s'agissait, quelques personnes disaient que c'était naze, peu importe, mais la vérité des faits, c' était que ça faisait parti du voyage, cela faisait parti de l’évolution, tu sais, les gens y allaient et faisaient leurs trucs et apprenaient, exploraient, créaient de nouvelles choses, souviens-toi, il n'y avait rien, ils ont créé tout ça !
C'est amplement mérité, mais qu'est ce que ça te fait aujourd’hui d’être reconnu par les galeristes du monde entier et d’être sollicité par de gros collectionneurs !
Tu sais, c'est drôle parce que c'est comme une épée à double tranchant, tu sais, il y a deux facettes, concernant tout ça. Je veux dire que je suis vraiment exalté, car je continue à mettre de l’authenticité dans mon Art, avant, j'allais faire des trains et inscrire mon nom sur les trains, maintenant, je mets mon nom sur la toile et ça va chez les collectionneurs, dans les maisons des gens, je reste donc opérationnel des deux manières, tu vois !
Je viens juste d'exposer à la Next street gallery, tu sais on dit que le lettrage, ça se vend plus, beaucoup de mes amis avec qui j'ai peint sont allés vers l’abstrait, et je respecte çà, et j'aime ce qu' ils font parque c'est du super boulot, mais tu sais, ils répètent que personne ne veut plus de lettrage, que c'est fini !! CONNERIES !!! Les gens admirent ce travail et il y a un tout nouveau type de collectionneurs qui admirent le vrai old school graffiti, et c'est pourquoi je continue, en restant intègre dans ce que je fais !
Alors, quand je rencontre de nouveaux collectionneurs et des opportunités comme ça, je leur donne ce que je possède. Je ne change pas et je sais que d'ici peu de temps, ce que je fais sera inestimable. Alors, prenez ce que vous pouvez, des artistes comme moi, tous mes potes, y'en a tellement, tant de noms. J'étais juste avec DOC TC5, c'est une autre légende, il fait des putains de trucs, les gamins du Bronx font aussi des trucs, mon pote KEL ! YO ! ON TUE TOUT, et on reste fidèle aux valeurs old school, alors pour les collectionneurs et tout çà : achète pendant que c'est le moment, parque çà va pas changer, et que le niveau va encore monter!
Tu as inspiré toute une génération dans le monde entier, tu as un nom emblématique. Tu es cité dans tout les livres qui parlent de Graffiti, Henri Chalfant est un inconditionnel de ton travail . Quel est l'impact de Tracy sur ton œuvre?
Ok, TRACY c'était mon mentor, TRACY m'a appris, il m'a pas appris le lettrage mais j'ai été émulé par ce qu 'il a fait, parce que c’était un maître, beaucoup de respect pour TRACY 168, mes 2 professeurs étaient PADRE DOS, qui s'est posé et a pris le temps de m’apprendre, tu sais, mais ce que TRACY m'a appris c'était comment faire face à ce monde, car ce monde n'a rien de facile . Il m'a dit, fait attention à ceci et cela, il m'a appris à agir par mes propres moyens, ce que je veux dire par là, c'est que dans le monde du graffiti t’achète pas ta peinture, tu l'as vole, TRACY m'a dit tout ça.
Il m'a appris à m'exprimer, il m'a appris à me battre et savoir comment rebondir . Il m'a appris l'aspect commercial du Graffiti, comment tu peux faire de l’argent avec, c'est ce que TRACY m'a appris, et je l’aime pour ça. Tu sais, un mec comme PADRE DOS, qu'il repose en paix , m'a dit, c'est comme ça que tu fais les lettres, tu sais tu vas de très gros à très petit et de très petit à très gros, tu sais il m'a appris le rythme, et il m'a dit en écoutant de la musique, tu vois , écoute de la musique, tu vois comment le flow circule, c'est comme ça que tu vas faire tes lettres sur des trucs, et c'est ce que je fais ! TRACY m'avait dit : « tu vas être bon, très bon » et voilà où j'en suis aujourd’hui. Beaucoup de respect à mes 4 Mentors, des mecs comme PHASE 2, le véritable père fondateur du Graffiti, PHASE 2, c'est le FONDEMENT, la basilique Saint Pierre de Rome .. c'est comme pour les chrétiens d'avoir fait face aux romains, il est à l'image de Paul l'apôtre qui à battit le premier temple.
Avec PHASE 2 on a construit L'EGLISE du Graffiti, c'est par lui que tout à commencé, avec les bubble letters, le style mécanique et cette tuerie de WILD STYLE, CHAIN 3, tous les 4, ils m'ont tant appris et tu sais, la manière dont je leur montre mon respect, c'est de continuer à faire ce qu’ils ont commencé.
Tu étais un des premier activiste du milieu graffiti, mais aussi du mouvement
hip hop, de Crazy Leg, Froosty Freeze (bref tout le rock steady crew) à Futura, Dondi, Cap, Seen .. tu as connu tout le monde.. Avec qui tu traînais le plus ?
TRACY 168, c'était l'un de ceux avec qui je traînais le plus, c'était comme mon frère, c'est celui avec qui je chillais le plus, mais après d'autres sont venus, et de BIL ROCK, j'ai rencontré ZEPHYR , puis MIN, HAZE, tu vois ces mecs. Je faisais parti du SAM ESSES Studio, avec FUTURA, CASE 2, DONDI, tu sais tous ces mecs, on était tous là en train de peindre, et moi je piquais des markeurs à travers les fenêtres, tu sais, ils ne m’appréciaient pas, car j'étais très différent des autres, j'étais WILD STYLE, tu sais j'avais une bande qui s'appelait les
« VAMP SQUAD », on avait l'habitude de piqués des trucs, pendant que les autres allaient dans les galeries, nous on était toujours underground, et on disait à ces mecs, « Yo les galeries c'est pour les nuls, c'est pour les suceurs, c'est pas la réalité », bla bla bla, mais en fin de compte, ces mecs sont devenus célèbres, tout le monde les connaît et les respecte, et voilà ou j'en suis aujourd'hui essayant de rattraper tout ça, car je n'ai pas exposé dans des galeries, mais j'étais bien présent. Tout ceci mis en place avec l’âme artistique de notre leader qui est mort, repose en paix, j'étais là, dans cette église au 110 Amsterdam , je suis allé dans tous ces endroits ; j'ai volé une photos de FUTURA, de un de mes trains, je l'ai rendu dingue avec ça ! Tu connais, Lenny, c' est un mec cool.............. the fun gallery ou BASQUIAT et KEITH HARING se sont rencontrés,
la FUN GALLERY, tu as encore mieux, jusque dans le Bronx, FASHION MODA, c'était mon spot, FASHION MODA .
Donc j'étais là quand ils ont fait le lazer show , le 1er lazer show, FUTURA mettait les lazer sur son travail artistique, c'était drôle, des mecs comme Keith Haring, L'AERA CLUB et tous ces endroits où on avait l'habitude de chiller. Et le ROXY.. ok on va voir les Rock Steady, tu sais, j'ai eu de la chance d’être avec TAKE ONE, et HENRI à pensé à cette chose à la
WOOSTER GALLERY, appelé Graffiti TV, et j'ai réalisé l’arrière scène, c'est comme ça que ce jour là, j'ai rencontré les rock steady, et MARTHA COOPER à attraper cette image et d'autres choses, mais a ce moment, j'ai été photographié pour mon break dance qui était plus au top, je claudiquais sur mes jambes, et c'est comme ça que j'ai connu CRAZY LEGS, Crasy legs était un mec sympa, FROSTY FREEZE, ce mec savait danser, repose en paix, c'était mon pote, mon frère, il était l'un des plus vrais et des plus gentils mecs de la planète, et putain, ce mec savait vraiment danser !
Et c'était quelque chose ce mouvement, tu sais concernant la culture HIP HOP, c'est à ce moment là qu'ils ont trouvé le nom, le terme HIP HOP, parce que personne ne savait comment l’appeler et je crois que l'un d'entre nous, Martha ou Henri à dit : « Mais comment on peut appeler ça ? » et il y a quelqu'un qui a dit HIP HOP, car on était toujours en train d'écouter les MC'S dire : « I said a hip hop, the hip to a hop... », tu vois ce truc et quelqu'un d'entre nous, peut-être Martha à dit :
« Oui, bonne idée hip hop, appelons le HIP HOP », et c'est comme que le terme est arrivé, je pense que c'était en 1981, 1982, à la WOOSTER GALLERY et puis les..... sont descendus ils avaient des comptes à régler avec moi, nous avons commencé à jouer les innocents et foiré le tout . Tout ceci est une part de cette grande histoire.
Une question très simple, peux tu nous raconter quelques moments complètements dingues ?
Il y en a tellement de moments forts, tellement . Alors, peut-être au ROXY, il y avait une grosse fête au ROXY, une battle de DJ, et beaucoup de monde, comme CASANOVA.. et qui arrive complètement bourré et perdu, le mec des ROLLING STONE, MIKE JAGGER, et TRACY lui dit : « alors ça va mec ? » et lui (Mike) il fait des bruits comme réponse, il était complètement défoncé, c'est une histoire marrante, mais sinon, encore plus intéressant, c'est quand on est allé à l’intérieur du club, les FAT BOYS et DOUG E. FRESH ont fait une battle, donc « The human beatbox » et Doug E. Fresh , c'était incroyable, car DOUG E. FRESH les a pulvérisés, les mecs étaient tellement embarrassés qu' ils ont quitté la scène, c' était un putain de moment ! Un autre moment anthologique, quand FLASH et c'est au ROXY. Je suis allé là-bas et Flash avait quitté les Furious Cinq, donc il est devenu Grandmaster Melle Mel dans les Furious 4 comme ça, et je me rappelle le moment où Grandmaster Melle Mel est monté
sur la scène, tout le public était d'un calme, et quand il a attrapé le mic et que la musique est arrivée, tout le monde a explosé, j'en ai encore des frissons. Je me souviens qu'ils adoraient ça, tout ce monde était fan de GRAND MASTER FLASH et venu spécialement pour lui. Et à un autre moment, il y avait un club appelé T-CONNECTION sur Gunhill Road et White Plains, le train 5, le tunnel de la ligne 5, les trains se trouvent là à droite et sont parqué là, et tous les vendredis soir GRAND MASTER FLASH allait jouer dans ce club et moi j'allais peindre des trains et j'écoutais sa musique, ça s’était un truc dément là-bas, d’être en train de peindre des trains et en même temps écouter mon pote jouer !
A l’après guerre, il y a eu beaucoup d’artistes comme Hemingway ou Foujita qui sont venus séjourner en France, on a appelé cette période la "bohème"...c'était à la fois un style de vie qui rejetait la domination bourgeoise et qui était en quête d'un idéal artistique . Est-ce que la France t'inspire autant quelle inspirait tous ces artistes ?
Oui, ils étaient aussi à New York, dans le Village. J'ai entendu des histoires. Cette période m'a montré que tout était possible, que tu pouvais aller n’importe où et suivre tes rêves, écrire ton histoire. Des mec comme HEMINGWAY se sont dépassés, c'était un existentialiste en quête de sa propre identité, il a fait tellement, a été capable de produire des chroniques, et aussi un écrivain brillant . Grande source d'inspiration. J'ai entendu des histoires de lui à Paris, en Espagne, et encore de lui suivant cette putain de révolution partout où elle germait à l'époque... Et eux, ils arrivent pour chiller en Floride et se relaxer dans les Keys, dans des putains de maisons et viennent à New York dans les putains de bars à Soho et dans le Village... Putain Mec !!
Beaucoup de respect pour HEMINGWAY, et c'est comme ça que je veux vivre ma vie, c'est d'ailleurs ce que je fais, tu sais, je suis en enfant du South Bronx qui a quitté l’école, tout le monde pensait que j'allais mourir, que je ne ferai jamais rien de ma vie, et pourtant, voilà où j'en suis, je voyage à travers le monde, je peins avec les meilleurs Writer du monde, j'ai des histoires à raconter, des histoires de fresques sur les trains avec des Writers qui sont de célèbres artistes aujourd’hui et avec qui j'ai peins au tout début... de la Suisse en passant par l'Allemagne, je ne peux même pas aller en Allemagne en ce moment et ça me rend dingue, ils m'adorent las-bas ! Tu sais, tout ça est vraiment fou, je vis la BOHEMIAN LIFE STYLE (la vie de Bohême).. tu sais, dès l'instant que où je peux m’asseoir quelque part, chiller et prendre un café ! C'est tout bon !
Je sais que tu t'es fait tirer dessus 3 fois. Cette épreuve t'as dégoûté des gangs et tu as arrêté net. Malgré tes raisons plus que valables, est- ce que ça a été facile pour toi de quitter le gang sans subir de pression ?
Oui, très facile, car tu vois, quand tu te fais tirer dessus, c'est comme si tu étais sorti d'office. Quand je suis parti du premier gang, les Bronx Enchanters, ils m'ont donné des coups de ceintures, de ceinturons, des trucs comme ça pour les avoir quitté. Celui d’après les Renegades of Harlem, avec DIAMOND DAVE, SMOKY, on m'a tiré dessus, et personne n'est venu me voir à l’hôpital, du coup pour moi, il n'y avait pas de retour en arrière possible, et c'est comme ça que je me suis tourné vers le graffiti et réalisé que les gangs... tu sais les frères sont cool, je n'ai aucun mépris envers eux, mais, je voulais faire partie de quelque chose, j'ai toujours eu le sentiment que je ne rentrais pas dans ces cases là, je me suis toujours senti différent et je voulais faire partie de quelque chose de grand …. je n'avais pas réalisé que les gangs n'étaient pas fait pour moi et que ce qui l'était, était le graffiti. Je suis devenu un frère appartenant au monde des Writers, alors maintenant, je fais partie du plus gros gang du monde : les Writers, parce qu'on est dans le monde entier et partout!
Ici, on a un faible pour Goldie, et j'ai vu que c'était ton ami. Comment vous-êtes vous rencontrés ? Le blue note, son Club ça t évoque des souvenirs ?
Le blue...... en faite c'était "LE BLUES" le nom de son club, où on avait l'habitude de chiller, de fumer de l'herbe, d’être complètement stone et d'écouté de la musique !
Ok GOLDIE, je l'ai rencontré en 1986 à Wellington, je suis venu en 1985, mais j'ai pas rencontré GOLDIE à ce moment là, mais il a entendu parler de moi, et l'année suivante on m'a invité à la première grande compétition de graffiti jamais organisée et MODE 2 était là, j'avais déjà rencontré MODE 2 en 1985, donc GOLDIE m'a aidé à venir, et c'est comme ça que j'ai rencontré GOLDIE. Il a rendu possible que je vienne en Angleterre en 1986, et on a fait le truc et on est devenu de très bons amis. Tu sais, il habitait à Wolverhampton, au cœur du Project. C'était un super frère, vraiment cool, et c'est un excellent artiste, mais en haut de tout ça, il était déjà dans la musique, mais oui il faisait du break dance et plein d'autres choses. Il est venu également à New York, on chillait, et je l'emmenai partout, il squattait chez moi, et moi chez lui ! Et en 1987 on est retourné à Londres, on était avec BIO, NICER, VULCAN, BRIM et on a fait le GRAFFITI TOUR, et le premier grand graffiti show à Burningham, en Angleterre, c'était vraiment prenant, MARTIN JONES a tout organisé, c'était le manager de GOLDIE à l'époque et depuis ça tu sais, un mec appelé
3D * de Bristol, j'ai oublié ce qu il à lancé, j'ai oublié le nom de son groupe, mais c'est énorme, et GOLDIE à lancé METALHEADZ avec son Drum & Bass, et c’était enrichissant et palpitant de connaître ce mec, c'est vraiment un mec cool, très sensible, très posé, tu sais avec son frère Melvin on a passé du bon temps, on a été viré de quelques hôtels... des trucs comme ça arrivaient tout le temps, tu sais quand tu es jeune ça arrive !
As-tu graffé avec des artistes français de manière un peu illicite?
Je n'en parle pas mais oui… Tu sais j' ai fait, j'ai fait .. attends : « A mon frère, si t’entends ça, tu sais de quoi je parle, on a été aux plages blanches tu te rappelles ? Elles étaient belles, on a été nager au milieu de la nuit dans le tunnel sombre » ... c'est un mec très connu avec qui j 'ai été peindre des trains qui est maintenant vendu en galeries et gagne beaucoup d'argent ! On était là quelque part en France en train de faire quelque chose, on s’éclatait… Tu vois c’est tout ce dont il s’agit… Alors oui je l’ai fait, mais je ne vais pas te dire avec qui !
Tu étais présent quand tout à commencé, te souviens- tu de ton premier geste vers le monde du graffiti ( l'endroit, ton age et avec qui tu étais) et du premier morceau de musique à consonance hip hop que tu as entendu ?
Avant tout, j ai commencé le graffiti quand j’étais enfant, je faisais des tags, j’étais un Toy (débutant qui imite), KING 13 a été mon premier nom en 1973, j'avais douze ans, je voudrais juste dire que j’étais motivé par les gosses du « block » (quartier), des types comme COOL BREEEZE, DRAKE, c’était les noms que j’avais l’habitude de voir sur les murs, AZTEKS, …. , le SALSA CRU, c’est ce que j’avais l’habitude de voir et c’est ce qui me motivais, ensuite j ai commencé a taguer avec SLY108, un mec qui se faisait appeler SMOKY, DIAMOND DAVE sur la Ligne 6, on faisait que des tags, comme des toys, ensuite je me suis fait tirer dessus et je suis devenu T.KID en 1977 quatre ans plus tard, c’est là que je me suis vraiment complètement investit dans le graffiti. Dans le même temps, pendant toute cette découverte, le HIP HOP était en cours de fabrication, Ouais c’est vrai y’ avait KOOL HERC etc.. mais tout ça a vraiment commencé avec les gangs, y a un documentaire vraiment bien fait qui s’appelle RUBBLE KINGS qui décrypte et explique ça, parce-qu’en faite tu vois les premiers Gangs de rue étaient basés sur l’unité, tout le monde ensemble c’était la force des GUETTO BROTHERS (les frères du ghetto). C’est pas la ZULU NATION, ni KOOL HERC, eux sont arrivés après.... Tu sais, j'ai lu un livre sur l'histoire du Hip Hop où est raconté que tout à commencé avec les BLACK SPADES. Mais en faite, les GUETTO BROTHERS ont été rejoints par les BLACK SPADES, tu sais, pour ce qu'ils ont fait, mais tu sais aussi ce qui a dérapé... Allez tu vois de quoi de quelle affaire il est question !
Écoute, je suis là depuis longtemps, et un morceau de musique Hip Hop que j'aime avant tout c'est « IT'S JUST BEGUN », c'est mon hymne, j'oublierai jamais ça, The Jimmy Castor Bunch, danser sur ce son de batterie, ils enregistraient et trouvaient toujours des nouveaux rythmes de dingue, des mec comme Bob James, Nautilus ,Mardi Gras, les trucs simples, juste un rythme joué en boucle encore et encore. C'est fou ! J'avais l'habitude d'aller au Bronx River Community Center, où AFRIKA BAMBAATAA a commencé à faire ses Jams, j'étais présent, ambiance Cosmic queen, Mambo soul, avec plein de cut de fou...
Es-tu toujours actif ? Comment tu vois la progression de ton Art aujourd’hui ? Tu dirais quoi pour conclure ?
Mon avenir dans l'Art ? …
Oui c’est vraiment compliqué, c'est une très bonne question et une question honnête, parce que j'ai envie de peindre des trains, je veux faire des choses, mais en tant que père, en tant que grand-père, tu sais, je me dis à moi même : « ok, est-ce que c'est le message que je veux transmettre à mes enfants ? » ... en même temps, si je veux faire preuve d’honnêteté, j'ai peins suffisamment de trains, je n'ai plus rien à prouver, j’étais là quand ça comptait, à New York quand c’était important, quand ça a commencé, alors j'ai rien à prouver... mais est-ce que j'aime faire çà ? Oui, parce que l’adrénaline c'est comme une drogue, une des meilleurs drogues. Mais qu'est-ce que tu dis à un gamin qui commence à zéro dans le Writing, qui à toute cette énergie ! Tu dois te souvenir que c'est un passage inévitable. Ok, dans les années qui ont précédé, les enfants se battaient, mais maintenant, c'est différent, tout tourne autour des ordinateurs. Mais çà reste le passage obligatoire ! Alors, ils veulent faire de la bombe, ils viennent avec cette énergie, mais quand un gars comme moi leur dit : « Hey, ça ne va nulle part», parce que beaucoup de personnes font ça, vraiment beaucoup maintenant et ils ne vont nulle part . Seulement un petit nombre va aussi loin que je suis allé et continu à perpétuer encore cet Art à l'âge que j'ai.
Tu vois, alors, je ne le prend pas à la légère, pour moi, le message est très simple : « Vous appeler le graffiti du vandalisme, OUI, quand c'est pratiqué sur des surfaces illégales, c'est du vandalisme, mais c'est de l'ART MAJEUR, c'est la fondation de tous les Arts, car c'est pure, c'est brut, rudimentaire, il n'y a pas d’école pour ça, tu ne vas pas quelque part et appendre ça, tu ne vas pas à l’université pour pratiquer, NON , tu apprends ça dans la rue, en regardant, en faisant attention, en apprenant qui tu es, être vrai dans ce que tu fais,et FAIRE CE A QUOI TU ASPIRES avec ta propre culture, c'est ça ce qu'il y a dans le graffiti, et c'est le plus important. Alors tu veux arriver et être un tagueur et faire de la bombe, fait le avant d’être fatigué, car tu vas être fatigué, ou arrêté, l'un ou l'autre va forcément arriver, et tu vas stopper net et te dire : « Putain, qu'est-ce que j'ai foutu ! ». Dans le graff, beaucoup vivent à 100 à l'heure, boivent, consomment de la drogue... Ok, bois et drogue toi, mais tu sais, faisons preuve de réalisme, où est-ce que nous allons, où va t'on ?
C'est tout ce dont il s'agit ! Le graffiti c'est un mouvement, le graffiti c'est la liberté d'expression , ce n'est pas simplement détruire, mais au contraire, EDIFIER! Ça parle d'unité, d’être ensemble, parce qu'avec tous mes ami(e)s dans le monde entier, on parle la même langue, on est connecté par le graffiti et UNIS par le graffiti. C'est tout ce que j'ai à dire. Je m’arrête là ! Peace
**(ROBERT DEL NAJA, fondateur du groupe Massiv Attack)
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